Es un carnaval, es un carnaval, es un carnaval, se murió el criminal
Lucia, maraca devuélvenos la plata
Lucía Lucía te queda poco tiempo
Don Sata, Don Sata cúliete al tata
No puedo creer la cosa que veo, ya cayó ya cayó, por las calles de Santiago veo, ya cagó, ya cagó!!! Adios carnaval, adios general!!!
Voilà les slogans qu'on a chanté tout hier après midi après avoir appris la mort de Pinochet : C'est un carnaval, c'est un carnaval le criminel est mort, Lucia (la femme de Pinochet), rends nous l'argent, Lucia il te reste peu de temps, Satan : baise bien le vieux, Je ne peux croire ce que je vois, il est tombé il est tombé, dans les rues de Santiago je vois qu'il est tombé...(paroles de chansons populaires).
J'étais dans ma chambre, au 20 ième étage d'une tour du centre de Santiago : des sifflets, des chants, et des drapeaux chiliens qui fleurissent aux immeubles. Je me suis d'abord dit que Colo Colo, l'équipe chilienne de foot, avait encore gagné, puis j'ai entendu la nouvelle : le tyran était mort. Avec des amis on est sorti : pleins de voitures klaxonnaient, les gens dansaient dans la rue, et tout le monde allait Plaza Italia. On a suivi. Quelle fête!!! Des milliers de personnes criant, chantant, dansant, ouvrant du champagne pour célébrer la mort d'un dictateur sanglant dont les conséquences de son régime s'ont encore visibles aujourd'hui. Les gens s'embrassaient, il nous a fallu sauter sans discontinu car : el que no salta es Pinochet (celui qui ne saute pas est pour Pinochet), et chanter, le tout sous un soleil de plomb. On est bien resté là 4 heures et après la foule est partie en manif par la Alameda (l'avenue centrale de Santiago) pour rejoindre la Moneda (le Palais présidentiel bombardé par Pinochet en 73). On a donc suivi, heureux de pouvoir marcher sur cette avenue normalement infestée par les gaz d'échappement, on a continué à danser, à sauter à chanter car il y avait pleins de concerts improvisés tout le long de l'Alameda, guitarres, flûtes de pan, charango (instrument traditionel), tambours...Arrivés devant le Mac Donald, les choses ont commencé à se gâter, un groupe de jeunes a arraché des barrières, des panneaux de signalisation, des pavés et a détruit la vitrine du Mac Do. Des barricades se sont dressées, certains ont incendié des poubelles, fait des feux et évidemment les flics sont arrivés avec leur fameux guanaco (char anti émeute avec un carcher, Sarkozy adorerait) et ont commencé à asperger mettant fin aux chants 'uff que calor el guanaco por favor'(quelle chaleur s'il vous plait envoyez le guanaco !!!). On a bien couru car même si le guanaco était encore loin, les gaz lacrimogènes se rapprochaient dangereusement et bon, 2006 a certes était pour moi l'année du gaz mais j'avais pas envie d'en rajouter...Voilà à partir de ça des émeutes ont commencé et déjà qu'en France ça peut être très violent ici c'est pire, alors je me suis éclipsée, surtout que je préférais garder la bonne ambiance de fête de l'aprem.
Ce que je n'ai pas vu moi mais que tout le monde sait par les journaux c'est l'autre réaction, celle, minoritaire certes, des partisans de Pinochet qui étaient venus le soutenir depuis son entrée à l'hôpital militaire. Mais je suis sûre que nos cris de joie, nos chants ont retenti jusque dans leurs quartiers de riches.
Hier au milieu de la joie, il y avait aussi des gens, surtout des vieux, qui pleuraient. En souvenir de membres de leurs familles disparus, de la terreur de cette époque, de leur famille exiliée, ou se souvenant des tortures qu'ils ont subi et qu'aucune mort ne pourra effacer, et qui ne seront appaisées que par la justice.